Vadim Druelle au Kanchenjunga (8586m)
Vadim Druelle au Kanchenjunga (8586m)
Vadim Druelle au Kanchenjunga (8586m)

Peux-tu nous parler de ta dernière expédition ? Quelles étaient les différentes étapes de celle ci ?
Je suis parti au Népal, pour tenter de gravir le Kangchenjunga sans oxygène, si possible en « one shot ». On devait déjà prendre un petit avion puis un 4x4 jusqu’à un petit village. De là, nous avons fait 7 jours de marche pour aller jusqu’au camp de base à 5500m. Ensuite c’était l’acclimatation (habituer son corps a l’altitude) pendant 3 semaines. Nous avons tenter le sommet le 18 mai, hélas certains se sont trompés de voie et nous avons tous fait demi-tour à 8200m. Après quelques jours à réfléchir et à attendre une nouvelle fenêtre météo, nous avons décidé de retenter notre chance. Les autres sont partis 2 jours avant moi et le 25 mai je les ai rattrapé et doublé avant d’arriver au sommet du Kangchenjunga 8586m.

Je l’ai gravi comme je l’espérais : sans oxygène, sans sherpa, en solo, en One shot et je suis le premier au monde à avoir gravi ce sommet d’une seule traite.

Qu’avait-elle de particulier à tes yeux ?
Après avoir grimpé mon premier 8000m, le Manaslu, j’ai tout de suite voulu partir sur le Kangchenjunga, un sommet sacré et réputé technique, qui me fascine depuis longtemps. Entre temps je suis parti 2 fois en expédition sur des 8000m mais le temps n'a malheureusement pas été bon à chaque essai d'ascension.

Qu’est-ce qui fut le plus difficile dans tout le projet ?
Le plus difficile a été de faire la trace, quasiment tout le temps, car je ne voulais pas attendre derrière des gens ou des Sherpa, notamment le jour du sommet.

Comment définirais-tu ta pratique de l’alpinisme ?
Je la définirai comme "ancienne". J’utilise simplement mes forces et ma motivation. Je suis assez puriste donc je m’entraîne pour réaliser mes projets et je les fais moi même. Sans oxygène et sans sherpa (sans aide), ce qui est très important pour moi. Cela se traduit aussi par un respect pour l’écologie : j’évite d’utiliser ma voiture ou des hélicoptères au Népal, par exemple.

Peux-tu nous raconter d’où te vient ton amour pour ce type d'alpinisme ?
Cet amour vient de mes parents. Depuis tout petit ils m’ont emmené en montagne puis en haute montagne, petit à petit j’ai vraiment trouvé la façon dont je voulais faire de la montagne. C'est-à-dire rapide, léger, en altitude, technique et du coup moins exposé aux dangers.

Où es-tu allé chercher l’énergie et la motivation pour réaliser cette performance hors du commun ?
Après avoir fait une première tentative à 8200m j’étais vraiment fatigué et je n'étais pas forcément motivé pour repartir. Je voulais plutôt rentrer chez moi. Le temps n'était pas trop mal, j’ai pu me reposer 5 jours. Après réflexion, nous avons voulu réessayer l'ascension car l’acclimatation était faite, ce qui nous a motivé. Une fois que l’on est parti, c’est tout dans la tête que ça se joue.

Tu as vécu une tragique expérience qui peut-être bouleversante. Comment as-tu géré cela à la fin de ton expédition ?
La fin de l’expédition était en effet assez difficile pour moi car après avoir fais le sommet je suis redescendu mais un ami à moi a perdu trop de temps pour monter et il est décédé d’épuisement et de mal des montagnes.
La réussite de l’ascension n’avait pas la même saveur… Le pire a été que personne n’a voulu le secourir. Je voulais y aller seul, mais je n'ai rien pu faire car j’étais très fatigué. Durant 2 mois, j’ai tout partagé avec Luis car nous avions le même état d’esprit et les mêmes valeurs… j’ai été le dernier à avoir des contacts par téléphone avec lui. Son absence m’a beaucoup affecté et m’a rappelé que nous sommes petits face a la montagne…

Quelles paires de Vuarnet Vadim a-t-il utilisé pour ce projet ?